Manifestation des gilets jaunes le 8 décembre 2018 à Paris
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Les revendications des gilets jaunes ont fortement marqué la fin de l’année 2018. Les analystes de tout poil ont, dans une passion bien française, tenté d’en interpréter le sens. Tâche ô combien difficile pour un mouvement sans porte-parole, sans attache partisane et dont la liste de revendications me fait plus penser à la lettre au Père Noël de mes deux petits bouts de chou qu’à une plateforme programmatique. D’ailleurs les politiques, surtout ceux qui cherchaient à récupérer le mouvement, s’y sont perdus signe d’une déconnexion avec ceux qu’ils sont censés représenter.
Ce mouvement ne doit pas cependant manquer d’interroger le monde associatif. D’abord pour constater qu’il a pris grand soin d’éviter toute forme de représentation collective, une pratique que l’on constate déjà dans des formes d’auto-organisation hors du cadre pourtant souple de la loi 1901. Ensuite pour s’étonner que si la solidarité a souvent été mise en avant autour des ronds-points et ailleurs, elle va de pair avec un ras-le-bol fiscal ce qui n’est pas le moindre des paradoxes, l’impôt étant par essence un outil de redistribution et de contribution au bien commun. Et la France un des champions en la matière avec d’ailleurs des résultats probants en matière de réduction des inégalités. Insuffisant sans doute mais prenons garde que cet outil ne soit pas jeté avec l’eau du bain au prétexte qu’il ne serait pas parfait. Les associations, qui verront probablement selon les chiffres communiqués fin 2018 une baisse des dons en leur faveur pour la première fois depuis longtemps, en seraient à n’en pas douter les victimes.
Passons sur les violences et sur les pertes économiques (qu’il faudra bien payer) pour en retirer tout de même un motif de satisfaction : l’ouverture d’un grand débat citoyen. Le Président de la République s’y est engagé dans son allocution du 10 décembre. Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) chargée de le piloter, en appelle à toutes les bonnes volontés « Que vous soyez responsables de syndicats ou d’associations, maires de petites communes ou simples collectifs de citoyens, vous pouvez organiser un débat. Le mieux, c’est que ce soit au plus près du terrain pour entendre le plus de monde possible.» Et en appelle en particulier aux associations « Il y a des personnes qui n’osent pas s’exprimer parce qu’ils ont le sentiment qu’on ne les entend pas. Pour ceux-là, il faut des relais comme les associations caritatives, comme Emmaüs ou les Restos du cœur. ». Voilà les relais de terrain enfin réhabilités. Non pas simplement comme des animateurs mais pour donner un sens à un mouvement qui n’en a pas encore. Car comme disait le poète Alphonse de Lamartine « Un grand peuple sans âme est une vaste foule ».
Un beau challenge pour 2019.
muller - 02/01/2019 17h:26
Arrivé à ce stade il aurait fallu se constituer au moins en association avec un Président et le reste Seuls les partis politiques ont la possibilité de demander la démission d'un président de la république Je crains que cela tourne au poujadisme
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