Cet édito est tiré de la conclusion du rapport de recherche sur les intérêts d'être bénévole. Cette étude lancée par le Crédit mutuel et la Fonda a été réalisé par Roger Sue et Jean-Michel Peter du laboratoire Cerlis. Nous vous en proposons la conclusion en guise d'éditorial et vous signalons que les auteurs et commanditaires de cette étude vous propose de venir débattre autour de ses conclusions au Carrefour des Associations Parisiennes le 6 juin prochain, de 18h à 20h, 181 avenue Daumesnil, 75012 Paris Métro Daumesnil, Montgallet (ligne 8) ou Dugommier (ligne 6) ou bus 29 arrêt Dubrunfaut.
La nature du « bénévolat » semble avoir profondément changé en l'espace d'une génération. Du devoir, voire de la mission, sous couvert d'altruisme, on est passé à une forme privilégiée de la réalisation de soi avec l'avènement d'un « individualisme relationnel », où la notion de plaisir devient déterminante. La question de la reconnaissance liée à l'individualisation croissante et plus encore celle de la compétence, se sont considérablement affirmées. L'engagement associatif paraît, au fil des entretiens, de nature à en mobiliser et à en développer les différentes espèces que l'on ne trouve pas nécessairement ailleurs. De la connaissance de soi, à la connaissance de et par l'autre (« faire connaissance »), en passant par les différentes compétences dites transversales mais aussi techniques, les entretiens en soulignent la richesse de la palette. De l'opposition au monde salarié et professionnel, on mesure plutôt aujourd'hui les synergies, non seulement parce que le statut d'actif ne s'oppose pas au bénévolat, bien au contraire, mais aussi parce que le rôle du bénévole tend à se spécialiser et à se professionnaliser tout en produisant des compétences spécifiques, transversales notamment. Ce qui justifie, souvent a posteriori, « l'intérêt » d'être bénévole. Pour les jeunes, particulièrement, le champ associatif, au risque de l'instrumentalisation, apparaît de plus en plus comme un espace de professionnalisation. Au double titre des responsabilités que l'on peut y exercer, mais aussi parce que le monde associatif offre désormais un vrai gisement d'emplois. Enfin, si la question du collectif semble moins prégnante en termes de socialisation primaire ou de stricte adhésion, elle resurgit sous la forme du sentiment d'appartenance à un réseau et à une représentation autonome du collectif ou de l'organisation, tout particulièrement lorsque ceux-ci s'expriment sur la place publique. Tout en se « banalisant » et en se diffusant mieux dans les différentes strates sociales, l'engagement bénévole paraît en conséquence remplir des fonctions plus nombreuses, confortant l'intérêt, ou plutôt les divers intérêts d'être bénévole. Resterait à cerner plus précisément les ressorts de cet intérêt au vivre ensemble qui est devenu tout autant un « libre ensemble » plus complexe.
Consulter l'ensemble de l'étude "Des intérêts d'être bénévole"