Municipales : la leçon posthume de Michel Dinet

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Abstention grandissante, crise de confiance dans les politiques, désarroi de beaucoup d'électeurs, que n'a-t-on pas entendu ces derniers jours autour des élections municipales qui viennent d'avoir lieu. Au même moment on apprenait le décès de Michel Dinet, président du conseil général de Meurthe-et-Moselle, dans un accident de la route le samedi 29 mars au soir.

Si on fait le lien entre ces sujets de société qui posent la question centrale du vivre ensemble et de la manière dont peut s'organiser celui-ci et la mort brutale d'une personnalité bien connue dans le monde associatif, c'est parce que Michel Dinet portait un discours extrêmement volontaire et clair pour répondre à ces questions. Pour lui, la politique devait passer par la participation des citoyens et des regroupement qui les réunissent : associations, comités, etc. Il y a un an, dans une lettre ouverte à François Hollande à propos du projet de loi sur la décentralisation (le fameux acte 3), il écrivait que celui-ci devait, à côté de l'Etat et des collectivités locales s'appuyer impérativement sur « un troisième pilier qui, avec autant de détermination, doit être également soutenu, conforté, amplifié : la participation et l'engagement citoyen. » Il précisait : « Le pays ne peut se passer des capacités créatives, inventives, entreprenantes de citoyens engagés et invités à agir au service de l'intérêt général. » Il allait même plus loin : « Cette question de l'engagement croise celle de la participation des citoyens à la décision, au contrôle et à l'évaluation de l'action publique. » Et il appelait à « donner le pouvoir d'agir aux citoyens en les rapprochant du pouvoir issu du suffrage universel. »
Mais au-delà des mots, Michel Dinet, avait inscrit ces objectifs dans ses pratiques. Didier Minot, du Collectif des associations citoyennes, qui le connaissait bien, témoigne : « Je me souviens de ce premier contact en 1978 avec Michel, alors instituteur et maire de Vannes-le-Châtel et militant socialiste, qui avait rassemblé un certain nombre d'associations du « pays de Colombey les Belles » pour construire collectivement, à partir des aspirations et des analyses de chacun, un premier projet de développement local. Il a ensuite beaucoup entrepris partout où il est passé, avec le sens pratique d'un ouvrier de la transformation sociale et l'exigence du sens. L'organisation du développement local à Colombey-les-Belles est restée un modèle extraordinaire de démocratie participative depuis 30 ans. Une assemblée générale de pays réunit tous les citoyens qui ont participé régulièrement à l'une des commissions de travail du territoire, ouvertes à tous, et vote à bulletin secret (une voix que l'on soit élu ou simple citoyen) des propositions qui sont ensuite examinées par le conseil communautaire. Michel Dinet est ensuite devenu député (atypique) puis président du conseil général en 1998. Partout où il est passé, il a transposé le même modèle de démocratie, de participation et de confiance dans les capacités d'agir de tous qui en ont fait un précurseur. »
Voici une leçon que les ténors des plateaux télé des soirs d'élection feraient bien de méditer.
Lettre ouverte à François Hollande