Les emplois d'avenir seront-ils l'avenir des associations ?

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L'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté définitivement, le mardi 9 octobre 2012, le projet de loi portant création des Emplois d'avenir.

Ce dispositif déjà largement présenté dans nos précédentes lettres (Voir entre autres Filhebdo n°404) s'adresse aux jeunes peu ou pas qualifiés âgés de 16 à 25 ans au moment de la signature du contrat. Il sera mis en ½uvre, principalement dans le secteur non marchand (associations, collectivités territoriales, organismes de l'économie sociale et solidaire...) dans « des activités présentant un caractère d'utilité sociale ou environnementale ou ayant un fort potentiel de création d'emploi ». La barrière d'âge est remontée à 30 ans pour les personnes handicapées et l'aide de l'Etat représentera, dans la plupart des cas, les trois quarts de la rémunération brute au niveau du smic, soit 1 070 euros.
La mise en place de ce dispositif appelle trois remarques.
Premièrement, il faut constater que le texte a recueilli un large soutien dans les deux assemblées, en dépassant le strict cadre de la majorité présidentielle. Seul le groupe UMP a voté contre, à l'exception tout de même de neuf de ses membres qui ont voté pour et de vingt-quatre qui se sont abstenus. C'est dire que le dispositif ne fait pas une totale unanimité contre lui. Des députés comme Henri Guaino, l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy, ou Jean-Luc Warsmann, rapporteur en 2011 d'un texte sur la simplification du droit des entreprises, l'ont voté. Cela montre que face à la montée du chômage les clivages partisans sont poreux et que certains sont prêts à voter contre leur propre camp si la mesure peut apporter ne serait-ce qu'un petit plus dans la « bataille pour l'emploi. »
Seconde remarque : le dispositif s'appliquera dès le 1er novembre 2012 et non plus au 1er janvier 2013 comme initialement prévu. C'est la marque de l'urgence. Faire vite, le plus vite possible... Même s'il est probable que peu d'emplois seront signés... dans quinze jours !
Troisième remarque : le fond du débat n'est pas clos avec l'adoption de la loi. Dans une interview donnée le 29 mai 2012, alors qu'il venait de prendre ses nouvelles fonctions de ministre de l'économie sociale et solidaire, Benoît Hamon indiquait que les emplois d'avenir viseraient à « muscler les activités sociales des associations, à les professionnaliser et à leur permettre de rendre un meilleur service à la collectivité », n'hésitant pas, dans une autre interview à affirmer vouloir par là « déprécariser le secteur associatif ».
Les associations ont déjà largement fait remarquer qu'on ne pouvait pas les « déprécariser » en leur demandant de réinsérer des personnes en grandes difficultés... Et qu'il y avait même une sacrée contradiction à vouloir « professionnaliser » le secteur associatif en lui faisant embaucher des jeunes non qualifiés ! Demander cumulativement aux emplois d'avenir de soutenir le secteur associatif, de réduire le chômage des jeunes et d'insérer des personnes en difficulté, n'est-ce pas croire au miracle ? Qui trop embrasse mal étreint dit le proverbe. La formule malheureusement risque de s'appliquer aux emplois d'avenir.

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