Le Conseil national des Cress a ouvert en 2013 la possibilité à toute structure de l’ESS d’adhérer directement. Quel impact cela a-t-il eu ?
Historiquement, les Cress étaient les réseaux des réseaux et des grandes entreprises de l’ESS. Il est désormais possible d’adhérer via son réseau mais aussi en son nom propre. Cette ouverture reflète une nouvelle problématique. On admettait, et ceci sans aucun fondement juridique, que les
associations relevant de l’ESS étaient seulement les associations employeurs ayant une activité économique.
La
loi ESS de juillet 2014 est venue gommer cette distinction. Dorénavant, on ne fait plus de cloisonnement car un porteur de projet, même s’il n’a pas encore créé d’emploi, s’intègre dans une dynamique d’innovation au même titre que la structure installée qui génère des emplois. Ce n’est pas par l’activité économique mais plutôt par les valeurs qu’on définit l’ESS.
Que va apporter cette ouverture ?
La Cress doit refléter la diversité de l’ESS. Nous devons veiller à créer et à préserver l’interaction entre les acteurs. Si on ne rassemble que des réseaux de réseaux et des grandes entreprises, on risque de perdre le lien avec le dynamisme des territoires et la capacité d’innovation des associations. L’ESS, c’est à la fois des grandes entreprises mais c’est aussi beaucoup de petites associations qui sont très fortement représentées dans les projets qui font vivre nos villes et nos campagnes.
Il y a également de plus en plus de projets hybrides ne relevant pas d’un unique secteur d’activité et donc d’une tête de réseau existante.
Ces petites associations vont permettre de renforcer l’assise des Cress au sein des instances de décision et de définition des politiques publiques. La représentativité de la Cress et sa légitimité en seront consolidées.
Quel intérêt peut trouver une association à adhérer à une Cress ?
Nous organisons des temps de rencontres pour que les adhérents puissent partager leurs expériences, créer des synergies mais aussi trouver ensemble des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés. C’est l’occasion pour les petites structures de rencontrer des acteurs de leurs territoires qu’elles n’avaient pas dans leur radar pour amorcer des dynamiques de coopération. Une Cress ne doit pas être qu’une instance, elle doit aussi être un « projet » pour favoriser les échanges, et créer de l’intelligence collective. Pour cela, les acteurs de l’ESS ont tous besoin les uns des autres.
Que dites-vous aux réseaux associatifs qui craignent que cette ouverture fragilise leur action ?
Il s’agit d’un débat dépassé. Par exemple en Aquitaine, lors de la recréation de la Cress, on est parti sur le principe de l’adhésion ouverte et très vite les têtes de réseaux se sont rendu compte qu’au contraire elles étaient renforcées du fait d’avoir à leurs côtés leurs propres structures adhérentes. C’est une réelle plus-value parce qu’elles ne sont plus seules à porter la parole de leur secteur.
Les statuts harmonisés du
Conseil national des Cress prônent l’intégration directe des petites structures depuis 2013. Il revient maintenant à chaque Cress de jouer sa partition, faire sa petite révolution interne, bousculer ses pratiques et ses habitudes pour enfin donner la voix aux petites associations, y compris au sein de leur conseil d’administration.
Propos recueillis par Fatou Seye