« Les associations sont l’incarnation de l’engagement »

Michel Lulek

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« Les associations sont l’incarnation de l’engagement »

© ©Lionel Barbe - CC BY-SA 4.0

Interview de Madame Sarah El Haïry, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et des Sports, chargée de la Jeunesse et de l’Engagement

Quelle est la place de la vie associative dans votre secrétariat d’État ?

La vie associative est une des composantes de ma mission et une des priorités de mon action ministérielle. L’engagement est la clé de voûte du fonctionnement associatif. Salarié ou bénévole, tous vivent pleinement leur mission et aucun n’est là par hasard. Les associations dans leur diversité sont l’incarnation de la notion d’engagement. Elles portent en leur sein l’intérêt général, elles maillent le territoire et ont un lien précieux de proximité avec les citoyens.

Pour le suivi et le soutien que nous devons leur apporter, j’ai tenu à ce qu’une personne de mon équipe soit leur interlocuteur privilégié. La société se construit avec tous ceux qui œuvrent au bien commun et au lien : les élus locaux, les entreprises, les pouvoirs publics et les associations. Les défis sont tels que j’ai la conviction profonde que ce n’est qu’ensemble que nous pourrons apporter et déployer des réponses efficaces.

Après la crise sanitaire quelles sont vos priorités vis-à-vis du monde associatif ?

De le soutenir ! Cela ne peut être autrement dans la période que nous traversons et qui va durer. Ce soutien est protéiforme : il concerne aussi bien les questions de financement et de gestion que l’accompagnement humain.

Les associations ont à faire face aux défis de la consolidation de leur transformation (modélisation économique et sociale, intégration des nouvelles technologies, articulation du fonctionnement entre salariés et bénévoles…). Ces évolutions, beaucoup les ont amorcées, je le vois sur le terrain.

Elles ont autant besoin de moyens financiers que d’un regard stratégique et opérationnel de proximité pour s’ancrer et assurer leur pérennisation. La solution financière n’est donc pas suffisante.

Quelles actions comptez-vous mener plus spécifiquement pour les petites associations ?

Quand on parle de petites associations, on évoque des réalités fort différentes. Elles sont essentiellement composées de bénévoles et elles n’ont pas attendu l’État pour se mobiliser et agir. Je tiens d’ailleurs à les remercier car elles jouent un rôle primordial pour leurs adhérents et leurs bénéficiaires, particulièrement en ces temps de Covid. Mon rôle, notre rôle, est de les valoriser et de les soutenir pour faire connaître leur action. Cette présence et cette écoute sont au cœur de ma mission.

Pour les associations qui ont entre un et trois salariés, notre action prioritaire est de les accompagner que ce soit pour s’agrandir, pour se diversifier, pour mutualiser des moyens ou des compétences dans le cadre par exemple de groupements d’employeurs. Je serai particulièrement attentive à ce que ces structures soient en mesure de résister aux impacts de la crise. Nous serons à leur côté pour éviter les licenciements et l’impact social que cela engendre. Il est impératif que leur savoir-faire, qui est souvent unique, soit préservé.

Vous êtes co-auteure d’un rapport sur la philanthropie. Celle-ci ne cache-t-il pas un désengagement de l’État ?

C’est une question clé. Je suis fondamentalement pour la stratégie du « et » et non du « ou ». Philanthropie et financement public ne s’opposent pas. Ils se complètent, ils se conjuguent, ils s’allient. Ils sont guidés par l’envie du mieux et de l’intérêt général.

Il est important de regarder ce que cela représente aujourd’hui : la philanthropie c’est 5 % des budgets associatifs, donc 95 % restent de l’ordre du financement traditionnel (cotisations, pouvoirs publics). Il faut donc être serein sur cette question. Le dialogue est essentiel et, pour moi, il doit être guidé par l’action et l’intérêt collectif. C’est le rôle de l’État de permettre plusieurs formes de générosité, là où elle se manifeste avec conscience.

Le monde associatif a pris le chemin de sa transformation : il faut donc donner à chacun l’opportunité de choisir le modèle économique et social qui lui permettra de mener à bien ses missions. La réalisation de ces ambitions va de pair avec l’évaluation de l’impact des actions associatives. Nous mènerons ce travail car il est primordial que l’usage des fonds publics fasse l’objet d’une appréciation de son efficacité.

Vous êtes à l’origine d’une loi visant à l’amélioration de la trésorerie des associations qui a été déposée à l’automne 2018, mais qui depuis semble bloquée. Sera-t-elle votée prochainement ?

J’ai toujours souhaité que cette loi voit le jour le plus rapidement possible. C’est mon engagement de députée. Je n’ai pas changé d’avis et en tant que ministre en charge de la vie associative, je mettrai toute mon énergie pour que cette proposition de loi ainsi que celle sur l’engagement associatif soient votées avant la fin du quinquennat.

Propos recueillis par Michel Lulek

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