Les associations sont-elles solubles dans l'entrepreneuriat social ?

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Le débat entrepreneuriat social versus économie sociale et solidaire n'est pas clos. Loin de là ! Une note du Centre d'analyse stratégique (CAS) parue en mars dernier et intitulée « Quelle place pour l'entrepreneuriat social en France ? » suscite en effet une réaction de la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA) qui relève un certain nombre de questions quant au positionnement du monde associatif face à ce nouveau concept qui a le vent en poupe.

 Pour la CPCA, « Tant du point de vue du contenu des propositions formulées que de la manière de les justifier, cette note pose un certain nombre de questions au monde associatif et appelle quelques précisons. »
Première pierre d'achoppement, la confusion entretenue entre entrepreneuriat social et ESS : la note « effectue implicitement une assimilation entre économie sociale et solidaire et entrepreneuriat social, qu'elle présente comme la phase ultime d'évolution de l'ESS. Ainsi, pour dessiner les contours de l'entrepreneuriat social, elle focalise sa présentation sur les quelques exemples de bonnes pratiques ou d'expériences «?qui ont fait leur preuve?» négligeant les grandes familles qui composent l'économie sociale et solidaire à savoir les associations, les mutuelles, les coopératives. » L'exercice est, il faut le reconnaître, dangereux... Même si des valeurs peuvent être partagées entre les deux familles, certains éléments (de gouvernance en particulier) ancrent l'une et l'autre dans des approches qui peuvent être très différentes. Si on prend par exemple un des principes phares de l'ESS, « une personne = une voix », on voit bien qu'il n'est pas aussi institué dans l'entrepreneuriat social !
La CPCA reproche également au Centre d'analyse stratégique d'avoir « une conception utilitariste de l'entrepreneuriat social », une conception qui « contraste avec une vision de l'ESS comme porteuse d'un projet de société au service de l'intérêt général. »
Focalisée sur un « modèle » anglo-saxon, la note a également tendance à oublier que le financement des structures de l'ESS en France a été historiquement largement soutenu par les pouvoirs publics. De même, en suggérant que les DLA accompagnent davantage d'entreprises sociales, le CAS remet en question la pertinence du DLA comme outil d'accompagnement des associations fondé sur le respect de la spécificité des structures associatives, organisées autour d'un projet collectif.

A force de confusion, de « tout le monde il est gentil » et « on tire tous dans la même direction », certains discours autour de l'entrepreneuriat social vont finir par faire croire que les valeurs de l'ESS existent largement en dehors d'elle - ce qui est vrai en partie - et donc que l'ESS de ce point de vue ne mérite pas d'être traitée à part... Il faut ajouter à cela qu'on ne saurait évacuer aussi facilement que le fait le rapport du CAS (et la CPCA elle-même dans sa réaction) tout un pan du monde associatif qui est peu reconnu : ce sont les très nombreuses associations sans salariés (la majorité des associations) qui doivent pourtant être intégrées lorsqu'on veut tenir un raisonnement global sur l'utilité sociale.

En savoir plus :
La note d'analyse du Centre d'analyse stratégique

Le communiqué de la CPCA