Entretien avec Carole Orchampt, déléguée générale du Réseau national des maisons des associations (RNMA)
Quel bilan tirez-vous de cette crise sanitaire du point de vue de l’engagement ?
Pendant le confinement, de nombreuses personnes se sont dit : « Je peux aider. » Pour cela, elles se sont adressées soit directement à des associations qui étaient parfois démunies devant cet afflux de demandes, soit à des plateformes locales. Mais celles-ci ne peuvent pas se contenter de servir d’interface et de simplement mettre en relation. Il y a une fonction de gestion de l’intendance et de l’intermédiation, qu’il faut assurer et qui, au-delà de l’outil numérique, nécessite l’intervention humaine.
Et là, l’outil qui n’a jamais autant fonctionné a été le téléphone. Il faut rappeler individuellement les gens. Le contact verbal est indispensable pour expliciter la demande, identifier ce qui correspondrait le mieux au bénévole, jauger la capacité de la personne à être à l’aise dans ce qu’elle imagine faire, lui proposer éventuellement de participer dans un premier temps comme observatrice, et le cas échéant la repositionner sur une autre proposition.
Si on ne fait pas cela, on peut créer de grandes déceptions. On l’a vu par exemple avec les réserves civiles qui ont eu beaucoup d’inscrits pendant la crise, mais dont beaucoup n’ont pas eu de réponse avant plusieurs mois ! Une plateforme n’est rien s’il n’y a pas aussitôt derrière une prise de contact individualisé. En aucun cas, l’outil numérique ne se suffit à lui-même pour la réalisation d’un engagement bénévole réussi.
Est-il possible de fidéliser ces nouveaux bénévoles ?
Le bénévolat qui s’est exprimé pendant la crise a d’abord été un bénévolat de proximité. Mais souvent, en s’entraidant, les gens se donnaient des informations : « À tel endroit, telle association recherche du monde pour distribuer des repas, etc. » Un certain chaînage relationnel s’est ainsi développé. La question est de savoir comment on peut passer d’une solidarité de voisinage à une solidarité d’intérêt général.
De même, en aidant les associations à intégrer les nouveaux bénévoles qui se sont mobilisés pendant la crise sanitaire, les maisons des associations se demandent comment d’un bénévole d’un jour on peut faire un bénévole de toujours. Dans certains endroits, on a vu des bénévoles actifs de mars à mai, dont on a ensuite perdu la trace. La question de la fidélisation est un chantier à venir, qui passe certainement par l’éducation populaire. C’est du moins ce que nous pensons dans la commission « engagement » que je préside au sein du Haut Conseil à la vie associative.