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Interview de Marion Chapulut, présidente de CitizenCorps, membre du groupe de travail sur le service national universel
Comment a été menée la consultation sur le projet de service national universel ?
Avant la présentation du projet, le 27 juin dernier par le gouvernement, un groupe de travail de sept personnes a été constitué autour du général Daniel Menaouine. Après une large consultation nous avons remis un premier rapport en avril 2018 à la suite duquel le gouvernement a validé les grands principes de l’architecture du SNU que nous proposions. Au cours de l’été, nous avons poursuivi les échanges et les rencontres avec des parties prenantes comme les organisations de jeunesse ou les associations de parents d’élèves. Nous avons également mené une enquête en ligne auprès des jeunes pour recueillir les besoins et les attentes de quelque 100 000 jeunes. Nous remettrons en novembre un nouveau rapport au gouvernement qui devrait alors prendre les décisions finales pour la mise en place du dispositif.
À quoi ressemblera-t-il ?
L’objectif du SNU est triple : cohésion sociale et territoriale ; prise de conscience des enjeux de la défense et de la sécurité nationale ; et développement de la culture de l’engagement. Nous avons imaginé ce service en deux phases distinctes. La première est obligatoire. Effectuée aux alentours de 16 ans, elle sera d’une durée d’un mois maximum et contiendra deux périodes, distinctes ou continues : une première de 15 jours, en hébergement collectif, est conçue comme un temps de reconnaissance et d’apprentissage du vivre ensemble. Une deuxième, de 15 jours également mais qui pourra être continue ou perlée, propose au jeune d’effectuer une mission collective avec d’autres jeunes. La seconde phase est, quant à elle, basée sur le volontariat : chaque jeune sera encouragé à poursuivre une période d’engagement d’une durée d’au moins trois mois, liée à la défense et la sécurité, à l’accompagnement des personnes, à la préservation du patrimoine ou de l’environnement, sans que cette liste soit limitative.
Quelle serait la place des associations dans ces dispositifs ?
Elles peuvent être présentes à tous les stades. Pour les quinze premiers jours de la période obligatoire, nous consultons les associations qui militent pour les droits afin de pouvoir inclure toutes les minorités dans le dispositif, par exemple les jeunes LGBT, les jeunes en situation de handicap, etc. Par ailleurs, il est clair que cette période doit être menée avec des méthodes d’éducation active, il faudra favoriser une pédagogie de l’action et non une communication descendante. Les associations d’éducation populaire peuvent y contribuer. Pour les quinze derniers jours de la période obligatoire, c’est encore plus important puisqu’il s’agira de mener des missions collectives autour d’un projet. Cela peut se faire dans une association existante, mais nous pourrions aussi imaginer que les jeunes créent eux-mêmes une association pour cela. Cela peut donner l’occasion aux associations d’accueillir des jeunes d’une nouvelle façon. Elles devront réfléchir à la manière de proposer des missions attractives à un public qui n’est pas forcément habitué à s’engager auprès du monde associatif. Nous sommes conscients qu’un tel accueil demandera du temps et de la disponibilité de la part des responsables associatifs et c’est pour cela que nous avons proposé une aide financière spécifique pour que les associations puissent avoir les moyens de recruter pour accompagner les jeunes dans ces missions.
Quel lien avec les autres dispositifs tels que le service civique ou la réserve citoyenne ?
Pour la phase d’engagement volontaire, il nous semble pertinent d’utiliser les dispositifs existants en créant une « ombrelle » qui rassemble tous ces dispositifs afin de faciliter l’accueil d’un maximum de jeunes. S’il paraît évident qu’il faut travailler avec les associations qui sont déjà habituées à accueillir de nombreux bénévoles, l’idéal serait que plusieurs associations puissent répondre de manière concertée, que ce soit pour la phase 1 ou la phase 2, pour qu’il y ait des réponses territoriales par exemple. Le but est que les jeunes puissent trouver de l’intérêt et l’envie de s’engager plus avant et que cette période ne soit qu’une première étape dans un parcours d’engagement tout au long de leur vie.
Propos recueillis par Michel Lulek
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MINFENDA BITJEKI Aristide Franck - 23/01/2019 09h:14
des façons de faire très originales pour des hommes nouveaux. Mais comment faire pour y arriver pour des jeunes associations? étant entendu que le contexte ici en Afrique et particulièrement au Cameroun reste très difficile.
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