Financements associatifs (suite) : De qui se moque Nathalie Kociusko-Morizet ?

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Samedi dernier avait lieu à Saint-Denis une rencontre entre le mouvement associatif et cinq candidats à la Présidentielle. Interpellés par la CPCA, les prétendants à l'Elysée ont expliqué ce que serait leur politique vis à vis d'un monde associatif qu'aucun d'entre eux ne néglige - le fait que 4 candidats (François Bayrou, François Hollande, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon) et la porte-parole d'un cinquième (Nathalie Kociusko-Morizet, pour Nicolas Sarkozy) se soient déplacés en personne devant le ban et l'arrière-ban du monde associatif, prouve qu'on ne peut pas le négliger et que c'est, au moins, un passage désormais obligé pour un candidat à la magistrature suprême. On trouvera sur le site de la CPCA l'essentiel des interventions qu'on a pu entendre ce jour-là.

Evidemment la question du financement de la vie associative n'a pas manqué de se poser. Nous l'évoquions dans notre dernier édito et disions attendre avec intérêt la position de Nathalie Kociusko-Morizet sur cette question (et non Nadine, comme nous l'écrivions par erreur et que quelques attentifs lecteurs nous ont signalé, merci à eux !). La réponse de la ministre a de quoi laisser dubitatifs. Après avoir affirmé sereinement qu'il n'y avait pas de baisse de financements pour les associations (rumeur de mécontentement général dans la salle !), même si elle reconnaît qu'il y a pu avoir « ici ou là » quelques baisses, elle a tenté d'asseoir son raisonnement sur une analyse bien restreinte de la question. Qu'a-t-elle dit ? « Le premier financement des associations, c'est la défiscalisation des dons » et, arguant que la part que cette défiscalisation dans le budget de l'Etat n'avait pas cessé de croître depuis 2006, passant de 1,6 milliard à 2 milliards par an, elle en concluait que... les financements n'avaient pas baissé.
Drôle de calcul ! Si l'on en croit létude de la CPCA et de l'Avise sur les financements associatifs, seulement 3% de ceux-ci proviennent des dons et mécénat... seuls concernés par la question de la défiscalisation. Donc la porte-parole du candidat Sarkozy nous a expliqué que si l'on s'attarde précisément sur ces 3 petits %, la part de l'Etat y est plus importante en 2011 qu'en 2006. Comme pour les baisses, nous avons donc compris qu'il pouvait y avoir « ici ou là » quelques hausses... Elle a ensuite indiqué que les budgets du Fonjep et de la formation étaient restés stables et que ceux du service civique avaient augmenté, pour finir par expliquer qu'il fallait maîtriser les dépenses publiques, en disant aux associations présentes : « L'objectif n'est pas de finir comme la Grèce ! »... comme si elle avait en face d'elle des élèves dépensiers et gaspilleurs ! Bref, sur cette question, la réponse de la porte-parole de Nicolas Sarkozy n'était pas à la hauteur...

La campagne présidentielle n'est pas terminée et les débats risquent donc de se poursuivre, y compris au sein du monde associatif. C'est pourquoi le débat lancé sur notre site vise à collecter vos attentes vis à vis du prochain président de la République. N'hésitez pas à y répondre : oui j'attends des choses de lui (et lesquelles?), non, je n'en attends en fait rien du tout !