Nous vous souhaitions bonnes vacances à la fin du mois de juillet en consacrant notre éditorial aux emplois d'avenir. Un mois plus tard, nous vous souhaitons une bonne rentrée... en reprenant, comme s'il ne s'était rien passé entre temps, la question des emplois d'avenir.
C'est que, dès le dernier conseil des ministres du mois d'août, Benoît Hamon et Michel Sapin ont présenté le dispositif retenu qui fera l'objet du premier projet de loi examiné dès la reprise des travaux parlementaires de septembre.
Le gouvernement compte programmer 100 000 emplois d'avenir en 2013 et 50 000 en 2014. Ceux-ci seront destinés aux jeunes chômeurs, aux jeunes de moins de 25 ans ayant de grandes difficultés d'insertion professionnelle. Ils s'adresseront principalement aux structures du secteur non marchand (associations, collectivités territoriales) qui pourront bénéficier d'une aide moyenne équivalente à 75% du Smic sur une période d'un an, renouvelable trois fois. Les entreprises du secteur marchand pourront y prétendre de manière dérogatoire avec un soutien financier moindre (environ 35% du Smic).
Les réactions ne se sont pas fait attendre et il est clair que nous tenons là le débat de la rentrée associative - et c'est du reste pourquoi Associations mode d'emploi en a fait son sujet de débat sur lequel, vous êtes invités à vous prononcer.
Les réseaux de l'insertion par l'activité économique (ateliers et chantiers d'insertion, entreprises d'insertion, associations intermédiaires, entreprises de travail temporaire d'insertion) ont salué l'ambition et l'objectif du projet, mais disent regretter de ne pas avoir été suffisamment associés à son élaboration. Ils relèvent que les professionnels de l'insertion ne sont ni nommés ni visés : « Comment le nouveau gouvernement peut-il envisager de mettre en ½uvre une telle loi sans y inclure les associations et les entreprises d'insertion qui ont fait de l'insertion sociale et professionnelle leur métier ? »
Génération-Précaire estime que ce dispositif est bienvenu mais l'estime insuffisant : « Une jeunesse autonome a besoin d'emplois viables et dûment rémunérés. » Génération-Précaire attend par ailleurs du gouvernement qu'il tienne les promesses du candidat Hollande en matière d'encadrement des stages : droit du travail, gratification dans les collectivités territoriales, intégration au registre unique du personnel.
Dans Le Monde, Nadia Bellaoui, présidente de la CPCA, alerte de son côté le gouvernement en lui disant que ce dispositif sera vain si le monde associatif n'est pas soutenu dans le cadre d'une politique globale : « A défaut, il n'aurait pas grand sens à fonder le dispositif sur les associations. Leur objet social n'est pas d'employer beaucoup et mal. Mais de créer du lien social et du sens civique. S'il s'agit de recourir, quelques temps, à une main d'½uvre bon marché grâce à une manne publique ponctuelle, le secteur marchand sera, peut-être, plus intéressé et tendanciellemment plus efficace. »
On le voit, les emplois d'avenir, plutôt bien reçus par le monde associatif, n'aveuglent pas pour autant celui-ci, qui perçoit fort bien leurs ambiguïtés et leurs travers.