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L’ambiance en cette fin d’année est morose. Les premiers chiffres de l’impact de la crise sanitaire confirment que les associations
ont été sérieusement touchées. Par ailleurs, la confiance que certains donateurs ont vis-à-vis d’une partie d’entre elles est ébranlée. Malgré cela, les associations gardent encore la cote.
Le confinement de mars 2020 avait obligé 86 % des associations à annuler des évènements et 66 % à suspendre leurs activités. 58 % comptaient cependant les reprendre normalement en septembre. C’était sans compter avec la seconde vague de l’épidémie et le second confinement.
Moins de créations, moins d’emplois
Les chiffres concernant les deux premiers trimestres 2020, communiqués par Recherches & Solidarités en octobre, confirment les difficultés rencontrées. En termes de création d’associations on constate une baisse de 40 % entre le quatrième trimestre 2019 et le deuxième trimestre 2020. Après une moyenne trimestrielle d’environ 18 000 créations d’associations au cours des cinq dernières années (sans jamais descendre sous le chiffre de 15 000) le deuxième trimestre 2020 tombe à 10 800. C’est 7 000 associations potentielles qui auraient dû se créer qui ne l’ont pas été. Du jamais vu ! Même constat du côté de l’emploi. Celui-ci baisse de 3,5 % entre le dernier trimestre 2019 et le deuxième de 2020, ce qui représente une perte sèche de 60 000 emplois. Plus révélateur encore : le nombre d’embauches a chuté de 40 % sur la même période.
Des dons en baisse ou réorientés
En juin, les associations étaient 25 % à constater une baisse des dons reçus des entreprises (contre seulement 2 % qui constataient une hausse). Celles-ci étant durement touchées par la crise sanitaire, pas étonnant qu’elles aient revu à la baisse leur politique de mécénat. Une tendance qui reste à confirmer mais qui semble accentuée pour les associations généralistes confrontées à une réorientation d’une partie des dons. Dans une enquête du cabinet Ipsos pour la Fondation des apprentis d’Auteuil publiée en juin, les causes soutenues prioritairement sont la santé et la recherche médicale (39 % pour l’ensemble des Français et 48?% pour les hauts revenus) suivies de l’aide aux personnes démunies (27 et 38 %). Le 7e Baromètre e-donateurs publié en mai et ne concernant que les dons en ligne donne le même tiercé, dans un ordre différent : 34 % pour les personnes démunies, 32 % pour le personnel soignant et 29 % pour la recherche médicale.
Et la confiance ?
Dans un rapport rendu public en novembre, l’Observatoire du Don en confiance en rajoute à ce tristounet tableau. Alors que toutes les enquêtes de confiance classaient très bien les associations, dans le contexte inédit de la crise sanitaire, la baisse de confiance semble désormais les atteindre. Par rapport aux enquêtes précédentes, une baisse de 16 points est enregistrée pour les associations et fondations faisant appel aux dons : seuls 39 % des Français leur font confiance… derrière les entreprises (50 %) et les collectivités locales (59 %). Exception : les associations de défense des consommateurs tirent leur épingle du jeu avec un taux de confiance de 75 %. Et si les Français font davantage confiance aux associations qu’aux pouvoirs publics pour défendre les causes, quelles qu’elles soient, il y a systématiquement un quart à un tiers des Français qui ne font confiance ni aux premières ni aux seconds.
Pas assez de confiance pour léguer
Repli sur soi
Des résultats qui semblent paradoxaux pour Nathalie Blum, directrice générale du Don en Confiance : « la baisse constatée et significative de la confiance envers les associations et fondations est sans rapport avec le niveau d’activité du secteur associatif cette année. Il n’a cessé, et ne cesse, de se mobiliser et de s’adapter au quotidien et dans l’urgence pour répondre aux nombreuses problématiques engendrées par la crise ». Cette baisse de confiance est tout de même à relativiser, comme le souligne Roger Sue. Le Covid s’est traduit, selon 61 % des personnes interrogées, par un repli sur soi et sur ses proches. Par ailleurs, lorsqu’on leur demande de choisir entre les associations ou une cagnotte en ligne créée par des particuliers, les Français préfèrent toujours l’association, que ce soit pour assurer le suivi dans le temps de la cause défendue (49 % de confiance pour l’association, seulement 16 % pour la cagnotte), pour bien utiliser les fonds (47 contre 17 %) ou mieux connaître le sujet (47 contre 12 %). Mais là encore plus d’un tiers des personnes ne se prononcent pas. Le signe tout de même d’un doute ou d’un désarroi en cette étrange année qui, décidément, semble avoir bouleversé bien des repères.
En savoir plus :
• La France associative en mouvement 2019 (étude de Recherches & Solidarités)
• Le rapport d’analyse de l’Observatoire du Don en confiance