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Arrêté, suspendu, reporté, annulé, supprimé… Voici donc le nouveau vocabulaire qui s’applique aux manifestations sportives ou culturelles, aux concerts et festivals, aux réunions, aux maraudes et aux milliers d’autres occasions de rencontres et d’échanges qui font le quotidien des associations. Depuis le 17 mars, finies toutes les possibilités de rencontres associatives, même à quelques personnes. Stand-by général.
Prudence face aux annonces du gouvernement
L’impact du confinement sur l’économie a tout de suite été pris en compte et des mesures annoncées, en particulier pour le chômage partiel ou le soutien aux trésoreries. Toutes ces mesures s’appliquent aux associations dès lors qu’elles sont employeuses comme
le confirmait Gabriel Attal dès le lendemain de l’annonce du confinement : « de nombreuses associations employeuses me demandent si les aides et appuis exceptionnels de l’État mis en place pour les entreprises leur sont ouverts. La réponse est évidemment oui ». Pour
autant, l’intendance ne suit pas toujours.
Frédéric Dintras, un expert-comptable qui travaille avec de nombreuses associations a averti ses clientes : « en cette période de crise, la communication est foisonnante et parfois imprécise, contradictoire, voire fausse. Entre les annonces des représentants du gouvernement et la réalité de la mise en oeuvre de celles-ci, nous constatons des écarts qui interrogent. Nous devons rester prudents
tant que les textes définitifs ne sont pas connus ».
Suite à plusieurs refus de prise en charge d’activités partielles par des Direccte, les professionnels rappellent qu’il n’y a rien d’automatique. Le principe étant la continuité de l’activité, l’activité partielle ne peut donc être justifiée que par une cause sérieuse : baisse d’activité, fermeture d’un l’établissement, etc. (article R.5122-1 du code du travail).
Des enquêtes pour connaître l'impact du coronavirus sur les associations
Pour les associations non employeuses (85 %), quel sera l’impact ? C’est pour répondre à cette question que le Mouvement associatif, avec l’appui de Recherches & Solidarités, a dès le 20 mars lancé une enquête qui tente d’identifier tous les effets du confinement, autant sur la situation économique que sur l’activité.
Les deux choses sont du reste souvent liées. Ainsi cette association de Montreuil dont un vide-greniers ou des repas de quartier constituent autant une animation sociale qu’un élément important de son financement. L’enquête, qui a déjà livré ses premiers résultats, vise aussi à recueillir de manière plus ouverte les attentes et besoins des associations.
Ses résultats permettront d’objectiver la situation, de plaider la cause du secteur associatif auprès des pouvoirs publics et d’obtenir « des mesures exceptionnelles de soutien afin de permettre aux associations, déjà fragilisées par le passé, de faire face à la situation actuelle et de préparer la relance de l’activité ».
Une autre enquête sur l’impact de l’épidémie sur les tiers lieux est également lancée par France Tiers Lieux.
Garder le lien
Sylvain Rigaud, du Réseau national des maisons des associations, relève que beaucoup de petites associations s’interrogent sur la façon de pouvoir participer et être utiles en cette période de crise. Localement des maisons d’associations servent de relais comme celle de Boulogne-sur-Mer qui a mis en place un forum via Discord (un logiciel initialement prévu pour des communautés de joueurs) avec plusieurs salons pour permettre aux associations d’échanger entre elles d’une part, avec la maison d’autre part.
Mais si le lien entre associations ou entre membres peut se faire via les outils numériques, certaines personnes peuvent en être exclues.
Les acteurs associatifs, en particulier via le réseau des points d’appui au numérique associatif (Pana), se sont aussitôt mobilisés contre ce risque de fracture numérique. Reste que le lien social a besoin de contact humain ou de relations directes.
Une réelle solidarité
Dans les Ehpad, la question est cruciale comme le souligne l’association Les Petits Frères des pauvres : « l’absence de lien social est déjà un fléau, surtout chez les personnes âgées, mais l’épidémie vient le renforcer ». Dans une lettre au Premier ministre, l’Uniopss fait remonter la même inquiétude, s’interrogeant sur l’impact du confinement « notamment, sur la santé psychique et physique des personnes âgées (absence de mobilité et de stimulation, isolement social, hygiène lorsque les familles ont la charge du linge
à laver…) ».
Les associations de solidarité alertent sur la situation des migrants, demandeurs d’asile à la rue ou en centres de rétention administrative, personnes sans abri, en prison, etc., tous publics particulièrement exposés… et facilement délaissés.
Le Secours populaire de Paris témoigne cependant d’une réalité : « nous sommes touchés par les propositions spontanées d’aide et de bénévolat que nous avons reçues ces derniers jours. La solidarité circule plus vite que ce coronavirus, nous en sommes convaincus. »