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Interview de Philippe Jahshan, président du Mouvement associatif
Êtes-vous satisfait des annonces gouvernementales ?
La rencontre du 9 novembre, en présence de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, en charge de la vie associative, de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, en charge de l’ESS et surtout du Premier ministre doit être prise en compte à sa juste valeur. Le signal est important et répond à notre demande de mobilisation de l’échelon interministériel. Toutefois, cela ne peut suffire, et même si une perspective est enfin ouverte pour un dialogue que nous souhaitons ambitieux pour la vie associative, les mesures annoncées restent faibles à ce jour. Il reste encore beaucoup à faire.
Pensez-vous nécessaire une réforme du modèle associatif ?
Ce que nous attendons des pouvoirs publics, ce n’est certainement pas un projet de « réforme du modèle associatif », qui viendrait d’en haut, avec une idée préconçue de ce qu’il doit être. Ce qui fait la force du monde associatif, c’est la diversité de ses modèles, issue de la liberté d’organisation et d’invention qui est la sienne. Les associations sont en dynamique et savent faire évoluer leurs modèles depuis toujours, pour continuer à répondre à leur objet social en tenant compte de leur environnement. En revanche, ce que nous attendons du gouvernement, c’est une écoute, une confiance en la capacité d’action et d’innovation du secteur et l’engagement d’une politique forte pour en soutenir le développement qui tienne compte de ses spécificités.
Le gouvernement ne voit-il qu’une part du monde associatif lorsqu’il en parle ?
Nous avons plaidé devant le Premier ministre le fait que les associations ne devaient pas être réduites à une seule fonction, mais qu’elles étaient à la fois le lieu d’un engagement citoyen qui ne se dément pas, l’outil d’une économie plus humaine et plus durable, et le vecteur du lien social et d’une cohésion dont notre société a besoin. Elles sont actrices du droit et des causes, des services et de l’innovation. Aussi, l’enjeu d’une grande politique de la vie associative est-il de réussir à prendre en compte l’ensemble de ces dimensions et de ne pas chercher à les réduire ou les segmenter. C’est la reconnaissance de cette richesse que nous portons auprès de nos interlocuteurs publics. Et c’est bien l’addition de toutes ces fonctions qui font du fait associatif une chose si précieuse pour la vitalité de notre société.
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