"Baisse des contrats aidés : une connerie…"

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© FatCamera/iStockphoto.com

Nos lecteurs m’excuseront ce titre un peu cru mais c’est ce que m’a répondu un collègue, maire d’une ville moyenne et pourtant soutien d’Emmanuel Macron. Plus exactement et pour être tout à fait complet «  une connerie… à ce stade ». Selon lui, une baisse des emplois aidés peut se concevoir mais c’est beaucoup trop tôt alors que les chiffres de l’emploi alternent le bon et le moins bon. Et encore faudrait-il savoir quel type et où ils seront créés. Probablement pas pour les personnes les plus éloignées de l’emploi, cible principale des contrats aidés. Dans un communiqué du 24 août l’Uniopss estimait que les 2,5 millions de personnes au chômage depuis plus d’un an risquaient de ne pas voir leur situation s’améliorer, tant elles suscitaient la défiance des employeurs et rencontraient, du fait de leur pauvreté, de leur handicap, de nombreux obstacles au retour à l’emploi.

Pour les associations, les contrats aidés ont certes parfois été le moyen de développer de nouvelles activités ou de conforter des activités en émergence.  Mais le plus souvent, elles ont surtout joué le jeu de la contribution à la politique de l’emploi. Pour celles, nombreuses, dont ce fut le premier et parfois le seul emploi, l’embauche d’un salarié nécessitait d’accomplir des formalités auxquelles elles n’étaient pas habituées. Il fallait aussi prendre en charge l’accompagnement de la personne embauchée par des bénévoles souvent déjà très occupés et pas toujours formés pour cela et se soucier de son avenir en le guidant vers un emploi pérenne. Autant de tâches dont elles se sont acquittées consciencieusement, convaincues de leur rôle citoyen, avec succès si l’on en croit une récente étude de la DARES. On comprend donc que la mobilisation ait été si forte dès l’annonce de la baisse du nombre d'emplois aidés.

Cette annonce de la réduction de 459 000 à 320 000, du nombre de contrats aidés en 2017 et les perspectives de diminution drastique pour 2018 sont donc un mauvais signe. Entendons-nous bien. Il est normal qu’un gouvernement nouvellement élu s’interroge sur l’efficacité des politiques existantes et en remette certaines en question. Sinon à quoi serviraient les élections ? Mais cela doit se faire en prenant en compte les conséquences sur ceux qui ont accepté, sinon forcés en tout cas fortement incités, et qui vont devoir assumer les conséquences de ce changement de cap. A coup sûr cela mérite mieux qu’une annonce estivale unilatérale.

Par Laurent Thoviste, directeur de la rédaction d'Associations mode d'emploi