Mercredi dernier les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale ont remis chacun un rapport au Président de la République sur « l'engagement citoyen et l'appartenance républicaine ».
Ces deux rapports avaient été demandé aux deux parlementaires à la suite des attentas des 7, 8 et 9 janvier 2015 et des manifestations citoyennes du 11 janvier qui avaient suivi. L'un et l'autre font un constat similaire et rejettent d'une voix presque commune l'idée d'une France repliée sur elle-même et la tentation du communautarisme. Ils divergent cependant quant aux mesures à prendre. Ce sont un peu une réponse de droite et une réponse de gauche qui s'opposent, le président du Sénat parlant de "contrôle des flux migratoires", de "renforcement de l'autorité à l'école" et de "restauration des repères" tandis que son homologue de l'Assemblée prône le "développement de la citoyenneté", le "vote obligatoire" et la lutte contre "la reproduction des élites". le premier cite de Gaulle et Péguy, le second Mitterrand et le Conseil national de la Résistance - mais tout deux se réfèrent à Renan : la nation est "un principe spirituel" (Larcher) et "une grande solidarité" (Larcher et Bartolone).
Claude Bartolone propose des stages dans les associations au cours de la scolarité en seconde et consacre un des quatre thèmes de son rapport à "Libérer les énergies associatives". Il propose de conforter le soutien public aux associations orientées vers l'intérêt général" et de "démultiplier les possibilités, pour les associations orientées vers l'intérêt général, de déployer leur projet associatif". Il indique : "L'action politique et l'action citoyenne doivent être vues comme deux leviers complémentaires. L'État républicain, garant des droits et de la cohésion nationale, doit occuper toute sa place mais il doit également pouvoir compter sur la participation et l'engagement des citoyens, dont l'action sur le terrain est indispensable."
Gérard Larcher accorde moins de place aux associations, bien qu'il salue l'engagement bénévole, les mouvements de jeunesse et d'éducation populaire, et le service civique. Il réaffirme néanmoins la primauté du politique sur la société civile : "Notre conception de la valorisation de l'engagement [ne] doit (...) pas aboutir à un nivellement des légitimités. Il me paraît ainsi essentiel de réaffirmer la hiérarchie des légitimités dans notre cadre républicain de prise de décisions : l'onction du suffrage universel et la légitimité de la représentation élective l'emportent sur celle des représentations associatives ou liées à des groupes d'intérêts." Au moins les choses sont claires.
La mission que le Président de la République leur avait confiée conjointement n'avait pas pu se réaliser en commun... Très vite les deux hommes avaient décidé de travailler chacun de son côté. En lisant les deux rapports on comprend pourquoi !
En savoir plus
Le rapport de Gérard Larcher : " La Nation française, un héritage en partage "
Le rapport de Claude Bartolone : " Libérer l'engagement des Français et refonder le lien civique "
La contribution du Mouvement associatif