C'est à cette question que Didier Minot, cofondateur du collectif des associations citoyennes, s'attaque dans son dernier livre sous-titré : "Richesse privée, action publique ou mobilisation citoyenne". Au moment où la philanthropie n'a jamais été aussi mobilisée dans les discours publics sur le financement des associations, il propose un retour historique sur la philanthropie de ses origines à nos jours, puis une analyse décapante du "rôle systémique de la philanthropie dominante" qui ne s'avère à ses yeux que justifier un système fondamentalement inégalitaire et promouvoir l'idéologie managériale.
Didier Minot a cette particularité d'avoir découvert ce monde de l'intérieur, ayant créé lui-même une fondation après avoir reçu un héritage substantiel qu'il estimait ne pas devoir lui appartenir "car il résultait de la captation croissante d'une part de la richesse par les actionnaires". C'est alors qu'il se découvre philanthrope, alors, dit-il, qu'il se croyait militant ! Il se voit plutôt comme un bourgeois qui trahit "la bourgeoisie en utilisant ses propres armes pour toujours la trahir mieux" explique-t-il en citant un autre "traître", François Maspéro.
Dans la dernière partie de son ouvrage, Didier Minot dégage les perspectives sur le rôle des associations, des mouvements citoyens et des fondations alternatives dans la construction d'un monde plus solidaire. Il invite à la multiplication des actions porteuses d'alternatives et à élargir le cercle de la philanthropie militante.
Éditions Charles Léopold Mayer, 2019, 19 €.